Touati Benaissa Directeur
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| موضوع: La Littérature الإثنين أبريل 25, 2011 8:02 pm | |
| 1[color=black]) PRÉSENTATION: Littérature, ensemble des œuvres écrites ou orales composées dans un souci esthétique. Michel Foucault a démontré dans son essai les Mots et les Choses (1966) que le sens moderne du mot littérature n'est apparu qu'au XIXe siècle. De son étymologie latine « lettre » — qui lui valut d'être employé dans l'Antiquité latine au sens le plus concret de représentation graphique —, le terme en vint à signaler l'érudition, la culture des gens lettrés « d'un bel esprit et d'une agréable littérature » (La Bruyère). Au début du XIXe siècle, il fut considéré sous un jour nouveau par Mme de Staël dans son ouvrage De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (1800). Dès lors que l'on pouvait caractériser des modèles de littérature (du Nord, méridionale, etc.), on se devait d'en distinguer les ensembles, sur le plan culturel ou temporel. La littérature ne caractérisait plus seulement une somme de textes, fussent-ils savants, mais la production de leurs auteurs et par là même l'activité créatrice proprement dite. Chateaubriand dans les Mémoires d'outre-tombe donna à lire, non sans ambiguïté, cette mutation sémantique : « La littérature qui exprime l'ère nouvelle n'a régné que quarante ou cinquante ans après le temps dont elle était l'idiome. Pendant ce demi-siècle, elle n'était employée que par l'opposition. C'est Mme de Staël, c'est Benjamin Constant […], c'est moi enfin qui les premiers avons parlé cette langue. » Cette nouvelle définition de la littérature en une activité autonome, à l'exclusion de toutes les autres formes de discours, ne cessa de s'affirmer au XIXe et XXe siècle, et trouva sa consécration avec l'émergence des sciences du langage. 2) DE L'ORAL À L'ÉCRIT: Pour mieux comprendre l'évolution des définitions de la littérature, il convient de se référer d'abord à sa genèse. Les premières civilisations avaient pallié l'absence d'écriture par une littérature orale, dont les interprètes étaient les garants de la transmission des règles, tout à la fois professeurs et conservateurs de la mémoire collective ; véritables spécialistes du bien-dire, ils avaient à charge de perpétuer les traditions, celle du récit mythique unique et intemporel, qui rend compte de la création du monde, et celle de l'épopée, qui rapporte l'histoire des héros et des dieux, dont les faits et gestes servaient de modèles de conduite pour la collectivité. Tant qu'elle ne fut pas écrite, la littérature présentait les mêmes caractéristiques que les autres arts, tels la danse et la musique, elle obéissait à des règles rythmiques de diction. Officient encore de nos jours des conteurs en Afrique noire, des poètes traditionnels en Polynésie, des chanteurs d'épopée au Tibet et au Kurdistan. Les corporations spécialisées qui eurent à charge de transmettre le récit fondateur (prêtres assyriens, aèdes grecs, bardes gaéliques ou finnois, scaldes islandais, griots africains) furent également dans certaines de ces aires culturelles les premiers scribes.
Les plus anciennes langues écrites reprirent les thèmes fondateurs de la littérature orale. Ainsi la plus ancienne épopée de l'humanité, l'Épopée de Gilgamesh, écrite en caractères cunéiformes, s'inspire-t-elle de récits sumériens composés vers la fin du IIIe millénaire av J.-C. ; elle narre l'histoire tragique du roi Gilgamesh et, ce faisant, relate celle de la condition humaine. Ce récit légendaire, au même titre que l'Iliade et l'Odyssée, d'Homère, demeure une grande énigme littéraire. Quels furent les auteurs de ces épopées ? À quelle époque furent-elles écrites ? Avons-nous affaire à un auteur unique, ou bien s'agit-il d'une œuvre collective ? Quoi qu'il en soit, le recours à la graphie allait modifier la mise en forme des récits. Avec l'apparition du texte, les formes d'expression de la tradition s'individualisèrent, et l'accès du public à la littérature devint élitaire — plus tard, avec l'imprimerie et la diffusion du livre, il sera personnel. Par ailleurs, les livres devenaient la résidence matérielle du sacré. À Alexandrie se forma au IVe siècle av. J.-C. un public de lettrés autour de la fameuse bibliothèque. Des tablettes assyro-babyloniennes aux rouleaux de papyrus égyptiens s'étaient constituées au fil du temps les conditions propices à la naissance d'une « littérature moderne ». Les Alexandrins mirent au jour les écrits des auteurs classiques grecs, qui eux-mêmes avaient puisé dans les littératures orales et sacrées orientales. Ils recueillirent dans la ville d'Alexandre le Grand des livres d'Afrique, de Perse, d'Inde, du Moyen-Orient, de Méditerranée et de Judée. Les legs littéraires furent établis, répertoriés, normalisés. Des œuvres écrites d'une facture nouvelle apparurent, que leurs auteurs ne destinaient plus à la récitation. Aristote définit l'histoire des littératures en tant qu'histoire des genres et des œuvres. 3) CONCEPTIONS MODERNES DE LA LITTÉRATURE: Cette approche évolutionniste fut une constante de l'histoire littéraire jusqu'au XIXe siècle. Si des littératures sécularisées ont pu se constituer, au terme d'un passage de l'oral et du sacré à l'écrit et au profane, elles n'en entretinrent pas moins des rapports avec les thèmes fondateurs. Au XIXe siècle, deux théories s'échafaudèrent. Des essais de littérature comparée permirent d'analyser les influences exercées par les littératures entre elles ; par opposition, le concept de littérature générale fit prévaloir l'idée d'une généralité littéraire, indépendante des contextes historiques, géographiques et culturels. Les recherches des formalistes contemporains s'appliquent, au-delà de simples constats d'identités culturelles, à étudier les conditions de développement des thèmes privilégiés et des genres spécifiques. La laïcisation de la littérature occidentale détermina une évolution des genres (de l'épopée originelle au roman, de l'éloquence romaine d'un Cicéron au lyrisme) et un partage de l'écriture entre la prose et la poésie. Ainsi, les trois grands genres initiaux de la littérature française furent de nature poétique : l'épopée des chansons de geste, le roman bourgeois (le Roman de Renart) et courtois (Chrétien de Troyes), et la poésie lyrique des troubadours et des trouvères. Illustrant parfaitement la thèse d'Aristote, les premières œuvres en prose furent historiques (Villehardouin). Au XVIIIe siècle encore, la poésie occupait une place privilégiée et englobait les genres épiques et dramatiques. Aux XIXe et XXe siècles, la poésie, cantonnée à la seule expression lyrique, devint un genre littéraire spécifique, au même titre que le roman et le théâtre. Qu'elle soit en prose ou en vers, la littérature, dans la continuité de ses origines magiques et religieuses, devint le support d'une perpétuelle recherche sur les pouvoirs du langage. L'histoire de la littérature, en se fondant sur la pérennité des œuvres écrites, recense les modèles de représentation, les sujets, les thèmes, les genres, l'imaginaire et le style qui sont à l'origine d'une civilisation. Alors que la littérature moderne pourrait se comprendre à travers les rapports qu'entretiennent les écrivains avec la société et la tradition, la popularisation de la culture par les mass media (presse, radio, télévision) s'accomplit surtout sous le signe du divertissement. Mais que l'on s'accorde à y voir un simple divertissement, un artifice trompeur ou une nécessaire réponse aux préoccupations humaines, la littérature n'en met pas moins en jeu toutes les virtualités du langage pour exprimer l'infini variété de l'expérience humaine.
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